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Version approuvée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques le 26 août 2016. Cette version n'est pas mise à jour en continu.

4.3 Bassin de la rivière du Cap Rouge

4.3.1 Un site idéal pour la colonie

Dès le XVIe siècle, la rivière du Cap Rouge est considérée par les premiers arrivants français comme un site privilégié pour l’établissement d’un fort, en raison de la rivière et des escarpements qui procurent une excellente position défensive. Jacques Cartier y fait construire deux forts pour se protéger des Indiens et pour bien passer l’hiver de 1541-1542, l’un sur le promontoire, et l’autre au pied de celui-ci, près du fleuve, avec un chemin en escalier pour les relier (Lambert-Chan, 2008).

4.3.2 Au temps seigneurial

Au milieu du XVIIe siècle, certaines cartes confirment la présence d’habitations et de dépendances à l’embouchure de la rivière du Cap Rouge, au pied de la côte et le long de l’actuelle rue Saint-Félix. Puis, la colonisation pénètre davantage à l’intérieur du territoire alors que des terres sont concédées aux colons qui veulent s’établir dans la région. Les premières seigneuries concédées, notamment celles de Maur et de Gaudarville, se situent de part et d’autre de la rivière du Cap Rouge qui leur sert de frontière à l’époque (Bergeron, 2007).

La nature escarpée du terrain, la topographie du site et la nature même de la rivière constituèrent longtemps des obstacles importants à la circulation des personnes et des biens (CBRCR, 2009). Au début du XVIIIe siècle, lorsque le chemin du Roy reliant Québec à Montréal est tracé, la rivière se traverse uniquement en canot pour les gens à pieds. Les chevaux doivent la traverser à gué ou à la nage. Afin de faciliter le transport des chevaux, des piétons et des voitures, les seigneurs de Gaudarville établissent un passage à bac que deux hommes tirent au moyen de câbles reliés aux rives. Ce n’est qu’en 1839 qu’un premier pont de bois est construit. Le pont, dit tournant, permet de laisser le passage aux bateaux en cas de besoin. D’autres ponts tournants ou à bascule se succèdent jusqu’en 1937 où une débâcle emporte le dernier pont de bois. Comme aucune goélette ne s’aventure plus sur la rivière, on construit une structure de béton fixe, le pont Galarneau. En 1963, un nouveau pont plus large est construit un peu en aval du précédent, pour s’adapter aux besoins d’une circulation automobile grandissante (CBRCR, 2009; Côté, 1995).

4.3.3 Un Cap-Rouge industriel

Au fil des ans, le pouvoir hydraulique de la rivière du Cap Rouge est maîtrisé et utilisé par plusieurs industries naissantes. On utilise la force du courant pour moudre la farine, transporter le bois, construire des navires et faire de la poterie (CBRCR, 2009).

4.3.3.1 Les moulins à farine

Sous le régime anglais, en 1778-1779, le Seigneur Antoine Duchesnay érige sur la rive gauche de la rivière, près de l’actuel pont du Domaine, le premier moulin à moudre les grains de la seigneurie. Les écluses d’amenée d’eau partent d’un petit barrage érigé près de l’actuel pont du Domaine et longent le chemin sur la rive nord de la rivière (Lapointe, 1978). À cette époque, on trouve également un moulin à scie dans le même secteur. Les activités du moulin à farine permettent, au milieu du XIXe siècle, d’expédier de l’orge et du blé sur la Côte-Nord du Saint-Laurent et de la farine jusqu’en Angleterre. Un siècle plus tard, un autre moulin à farine, localisé plus en aval sur la rivière, remplace le premier (Bergeron, 2007).

4.3.3.2 Le commerce du bois

La première moitié du XIXe siècle, l’anse du Cap Rouge est également le lieu d’une intense activité économique axée principalement sur le commerce du bois entre le Canada et l’Angleterre. Une multitude de pièces de bois y sont triées, équarries à la grande hache, entreposées puis chargées sur les navires. Tout ce bois arrive principalement des forêts de la Mauricie et de l’Outaouais. Son transport se fait par flottage sur les rivières et par les «cageux» sur le fleuve. Ces derniers opèrent et vivent sur d’immenses radeaux servant à acheminer les convois de bois de flottage d’un point à l’autre sur les rives du fleuve. Au début des années 1980, à marée basse, on pouvait encore voir les vestiges d’une longue jetée de pierre témoignant de la présence d’estacades. Depuis, les pierres ont été déplacées et la digue a été démantelée (Bergeron, 2007).

4.3.3.3 Le chantier naval

À la même époque, l’anse du Cap Rouge est aussi utilisée pour la construction navale. Contrairement au commerce du bois, cette activité a toujours été considérée comme secondaire dans l’économie locale. On mentionne néanmoins qu’elle a généré au moins deux navires connus pour le transport de chevaux vers la Guyane anglaise, soient le Guiana et le Cap Rouge (Bergeron, 2007).

4.3.3.4 L’industrie de la poterie

En 1860, une manufacture de poterie, utilisant de l’argile locale et de l’argile provenant du New-Jersey, s’installe sur la rive droite de la rivière et débute la fabrication de produits d’utilisation courante. C’est d’ailleurs l’activité de cette industrie qui permet l’établissement d’un véritable noyau villageois à Cap-Rouge avec le lotissement de terrains le long de la rue Scott, aujourd’hui la rue Provancher (Bergeron, 2007). L’escarpement de la rivière devient longtemps le dépotoir où l’on jette les têts et toute autre pièce offrant quelques malfaçons (Lapointe, 1978). Les installations sont démolies en 1892.

4.3.3.5 Le chemin de fer

Parallèlement, le développement industriel amène l’expansion du réseau ferroviaire sur le territoire. Au début du XXe siècle, le Canadian Northern Quebec Railway reliant Donnacona à Québec érige un viaduc pour franchir la rivière. À la même époque, le National Transcontinental mène le projet d’un tronçon ferroviaire depuis Winnipeg jusqu’à Moncton en passant par Québec. Le pont de Québec étant érigé sur de hauts piliers afin de permettre le passage des navires océaniques, les trains ne pouvaient donc avoir accès à la rive nord du fleuve qu’à partir du plateau de Sainte-Foy. Afin de faire accéder leurs trains à ce plateau, les ingénieurs optent donc pour la construction d’un tracel (du mot anglais trestle) enjambant la vallée (Société historique de Cap Rouge, 2011). Sa construction débute en 1906. D’une longueur de 3 335 pieds (environ 1000 m) et haut de plus de 150 pieds (55 m), il compte parmi les viaducs les plus longs et les plus élevés au monde. Deux de ses énormes piliers de ciment resserrent les eaux de la rivière près de l’embouchure.

SOURCES

BERGERON, M., 2007. Arrondissement Laurentien, un patrimoine à découvrir…Entre fleuve et montagne. Ville de Québec, 52 p.

BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA : http://collectionscanada.gc.ca

CONSEIL DE BASSIN DE LA RIVIÈRE DU CAP ROUGE (CBRCR). 2009. Portrait du bassin versant de la rivière du Cap Rouge, Québec. 106 p.

CÔTÉ, A.. 1995. Guide toponymique de Cap-Rouge : L’histoire s’affiche en ville! Société historique du Cap-Rouge. Ville de Cap-Rouge, 64 p.

LAPOINTE, J., 1978. Cap-rouge, sa rivière. Société historique du Cap Rouge, 28 p.

LAMBERT-CHAN, M., 2008. Sur les pas de Jacques Cartier. Dans La revue les diplômés. Printemps, 2008. Université de Montréal. En ligne: http://www.diplomes.umontreal.ca/revue/414/art1.html. Consulté le 8 septembre 2011.

SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE CAP ROUGE. 2011. Dans le ciel de Cap Rouge, un « tracel » centenaire. En ligne: http://shcr.qc.ca/chronique.php?no=6 Consulté le 12 juillet 2011.

Mis à jour le 11 février 2015

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