Devenir Membre
Retour vers le haut
Version approuvée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques le 26 août 2016. Cette version n'est pas mise à jour en continu.

3.2 Surconsommation d’eau

Description de la problématique

À l’échelle mondiale, au XXe siècle, la consommation d’eau a augmenté deux fois plus vite que l’augmentation de la population. La plus grosse part va à l’irrigation, qui compte pour près de 70 % du total des prélèvements d’eau à des fins humaines, suivie par les besoins industriels, qui comptent pour 20 % des prélèvements, et finalement les prélèvements à des fins municipales, qui sont de l’ordre d’environ 10 % (Cosgrove et Rijsberman, 2000).

La disponibilité des ressources en eaux douces est d’une importance capitale d’un point de vue environnemental, social et économique. Or, la répartition des ressources varie beaucoup d’un pays à l’autre. Le Canada a la chance d’avoir de grandes quantités d’eau sur son territoire. Il détient à lui seul 7 % des réserves mondiales renouvelables en eau douce (Environnement Canada, 2011). Si les réserves d’eau du Canada semblent inépuisables pour plusieurs, des pressions considérables sont pourtant exercées sur les réserves situées à proximité des zones habitées et les conflits entre utilisateurs ne cessent de s’accroître.

Au Québec, la disponibilité en eau par personne est estimée à 135 000 m3/an ce qui correspond à huit fois la moyenne mondiale. En comparaison, une nation considérée pauvre en eau dispose de moins de 1000 m3/année par personne et il y a pénurie d’eau lorsqu’on compte moins de 500 m3 par personne par année (Institut national de la recherche scientifique, 1998). Par ailleurs, le Québec est l’un des plus grands consommateurs d’eau au monde et second au Canada avec ses 706 litres par personne par jour ou plus spécifiquement 386 litre par personne par jour au niveau résidentiel. Par comparaison, la moyenne canadienne de consommation résidentielle en eau potable est de 297 litres par personne par jour alors que la moyenne européenne n’est que de 140 litres par jour (Environnement Canada, 2011b).

Tableau 3.2.1 : Comparaison de la consommation d’eau au Canada (Environnement Canada, 2011 b; Ville de Québec, 2012)

Consommation totale d’eau (litres/personne/jour) Consommation résidentielle d’eau (litres/personne/jour)
Canada 566 297
Québec 706 386
Ontario 409 225
Nouveau-Brunswick 821 394
Ville de Québec 490 310

Distribution des problèmes sur le territoire

Bassin de la rivière Saint-Charles

Rivière Saint-Charles

Nature du problème

À l’échelle de la Ville de Québec, la consommation totale d’eau s’élève à près de 490 litres/personne/jour et la consommation résidentielle à 310 litres/personne/jour. Selon les informations fournies par la Ville de Québec, la capacité actuelle de production d’eau potable permet de satisfaire la demande de pointe jusqu’en 2021. Toutefois, l’analyse des données permet de constater qu’en 2011, la consommation maximale journalière dépassait la capacité de production. Une réduction de la consommation d’eau de l’ordre de 20 % sur la demande de pointe permettrait de maintenir la demande future en eau potable à un niveau inférieur à la capacité de production.

Prévisions de consommation d'eau potable Vpour la Ville de Québec
Figure 3.2.1 : Capacité de production et évaluation de la demande future en eau potable (tiré de la Stratégie de conservation de l’eau potable de la Ville de Québec, 2010)
Causes

Selon les données obtenues par le MDDEFP via la Loi sur l’accès à l’information, près de 89 millions de mètres cubes d’eau ont été prélevés en 2011 sur le territoire du bassin de la rivière Saint-Charles. Ce nombre exclut toutefois les prélèvements du secteur agricole, de même que les préleveurs qui puisent moins de 75 m3/jour (Delisle-Thibeault, 2013).

La Ville de Québec est le plus grand préleveur sur le territoire. Elle mise par ailleurs énormément sur la sensibilisation de la population pour réduire la consommation d’eau potable. Ainsi, elle participe depuis plus de 20 ans à un programme d’économie d’eau potable mis en œuvre par Réseau Environnement. Ce programme, qui vise avant tout le secteur résidentiel, incite les gens à consommer de façon responsable et à éviter le gaspillage. En 2010, 65 constats d’infractions et 435 avis d’infractions ont été émis par la brigade de l’environnement en vertu du Règlement de l’agglomération sur l’eau potable adopté en 2008 (R.A.V.Q.67). En 2011, aucun constat d’infraction n’a été émis, mais on recense 139 avis d’infractions (Delisle-Thibeault, 2013).

En 2006, la Ville de Québec a mis en place un programme de détection de fuites dans le réseau d’aqueduc. Globalement, le taux de fuite dans le réseau est passé de 31 % en 2007 à 21 % en 2011 (Delisle-Thibeault, 2013).

En outre, elle a procédé à un rajeunissement des systèmes de réfrigération, de climatisation et d’arrosage de façon à diminuer la consommation d’eau. Elle met également en œuvre divers processus de récupération de l’eau non potable pour des usages municipaux, notamment le nettoyage des rues. À cet égard, l’eau du puits Modène, situé à Val-Bélair et fermé en 2009 en raison de la présence de TCE, est utilisée pour remplir les camions-citernes.

Enfin, lancée en 2010, la Stratégie de conservation de l’eau potable de la Ville de Québec vise à ce que l’ensemble de la collectivité devienne « aqua-responsable » à l’égard de la consommation de l’eau, de la protection des sources d’approvisionnement et du traitement des eaux usées.

Effets

Lorsque l’eau est abondante, il est facile de la considérer comme inépuisable. Or, à l’échelle locale, une grande ponction d’eau peut entraîner des effets néfastes sur l’écosystème, et parfois même entraîner des situations de pénuries.

La rivière Saint-Charles fournit 53 % de toute l’eau consommée à Québec. Environ 20 % du débit annuel moyen de la rivière Saint-Charles est utilisé pour l’approvisionnement en eau potable (Hébert, 1995). Toutefois, au cours des périodes d’étiage, concentrées autour des mois de février et de juillet, l’eau puisée dans la rivière représente parfois 98 % de son débit, ce qui est très en deçà du seuil de viabilité de toute rivière (Roche, 2010). Malgré les mesures mises en place par la Ville de Québec pour réduire la consommation d’eau potable, la pression est si grande sur la rivière Saint-Charles et le lac Saint-Charles que la Ville doit parfois avoir recours à une conduite puisant de l’eau dans la rivière Jacques-Cartier pour l’amener vers la rivière Nelson et assurer une alimentation en eau potable à l’ensemble de la population.

Complément d’information:

Section 3.1 : Problèmes d’approvisionnement en eau potable en quantité suffisante

Section 3.4 : Étiages sévères et débits réservés

Sources

COSGROVE, W.J., ET F.R. RIJSBERMAN. 2000. L’eau: L’affaire de tout le monde. World water vision. Conseil mondial de l’eau. En ligne: http://www.worldwatercouncil.org/library/world-water-vision/vision-french/. Consulté le 20 décembre 2012.

DELISLE-THIBEAULT, G., 2013. Détermination du besoin en eau pour les différents usages anthropiques en vue d’assurer la pérennité de l’écosystème du bassin versant de la rivière Saint-Charles. Essai en collaboration avec l’OBV de la Capitale, Université Laval. 65 pages + annexes.

ENVIRONNEMENT CANADA. 2011. L’utilisation judicieuse de l’eau. En ligne: http://www.ec.gc.ca/eau-water/default.asp?lang=fr&n=F25C70EC-1. Consulté le 20 décembre 2012.

ENVIRONNEMENT CANADA. 2011 b. Utilisation de l’eau par les municipalités – tableaux sommaires de 2009. En ligne: http://www.ec.gc.ca/eau-water/ED0E12D7-1C3B-4658-8833-347B527C688A/MWWS%20Water%20Use%20Smmary%20Tables%202009_FR_publishedOct2011.pdf. Consulté le 20 décembre 2012.

HÉBERT, S., 1995. Qualité des eaux du bassin de a rivière Saint-Charles, 1979-1995. Direction des écosystèmes aquatiques, ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec, 41 p. + 15 annexes.

INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (INRS). 1998. Symposium sur la gestion de l’eau au Québec, recueil de textes des conférenciers, vol. 1.

ROCHE Ltée. 2010. État de la situation du bassin versant de la prise d’eau de la rivière St-Charles – Rapport final. Roche, pour la Communauté métropolitaine de Québec, 2010. 221 Pages + annexes.

VILLE DE QUÉBEC. 2010. Stratégie de conservation de l’eau potable. En ligne: http://www.myvirtualpaper.com/doc/ose-design/strategieeaupotable/2010052603/#0. Consulté le 20 décembre 2012.

VILLE DE QUÉBEC. 2012. Distribution de l’eau potable. En ligne: http://www.ville.quebec.qc.ca/environnement/eau/production_eau_potable/index.aspx. Consulté le 20 décembre 2012.

Mis à jour le 16 février 2015

crossmenu