Devenir Membre
Retour vers le haut
Version approuvée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques le 26 août 2016. Cette version n'est pas mise à jour en continu.

3.5 Inondations des zones habitées

Description de la problématique

Une zone inondable est une étendue de terre qui devient occupée par un cours d’eau lorsqu’il déborde de son lit (CEHQ, 2012). On appelle « zone de grand courant » la zone pouvant être inondée par une crue de récurrence de vingt ans. Au-delà de cette zone, jusqu’au niveau atteint par une crue de récurrence de cent ans, s’étend la « zone de faible courant ». La récurrence est établie sur une base statistique.

On distingue deux types d’inondation dans les cours d’eau :

1 – Les inondations en eau libre, qui sont causées exclusivement par une augmentation significative de la quantité d’eau dans une rivière et non pas par un refoulement dans un secteur donné;

2- Les inondations par embâcle, qui sont causées par un amoncellement de glaces ou de débris dans une section de rivière empêchant la libre circulation de l’eau et pouvant créer un refoulement vers l’amont (CEHQ, 2012).

En vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU), la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) est tenue d’identifier les zones d’inondations sur son territoire. Pour ce faire, elle dispose de plusieurs sources d’informations, notamment les cartes du risque d’inondation en eau libre réalisées dans le cadre de la Convention Canada-Québec relativement à la cartographie et à la protection des plaines d’inondation et au développement durable des ressources en eau, et les informations issues du Programme de détermination des cotes de crues de récurrence 20 ans et 100 ans, géré par le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs. En outre, les municipalités locales et les MRC peuvent elles-mêmes réaliser leur propre cartographie des zones inondables (CEHQ, 2012b). L’ensemble de ces informations a servi à la réalisation de la cartographie des zones inondables de la CMQ (Labonté, 2011).

Il existe une cartographie des zones inondables en eau libre sur plusieurs cours d’eau du territoire. Ceux-ci se concentrent tous dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles. D’autres secteurs inondables ont toutefois été identifiés sur le territoire, sans qu’une cartographie officielle n’ait été produite.

Distribution des problèmes sur le territoire

Note: Le tableau suivant présente les problèmes les plus marqués sur le territoire. D’autres zones inondables sont présentes sur le territoire et des débordements peuvent parfois aussi y affecter des milieux habités.

Bassin versant Localisation spécifique Description du problème Statut
Saint-Charles Rivière Saint-Charles Présence de zones inondables en milieu habité. Existant
Rivière Jaune Existant
Rivière Nelson Existant
Rivière du Berger Existant
Rivière Lorette Existant
Cap Rouge Rivière du Cap Rouge Deux secteurs problématiques identifiés par des résidents. Existant
Beauport Rivière Beauport Présence de zones de débordement dans le secteur de la rue Seigneuriale. Existant
Brodure du Feuve Bordure du fleuve Zones à risque près de la rue Dalhousie et à l’embouchure de la rivière du Cap-Rouge. Existant

Nature et causes des problèmes ainsi que leurs effets

Bassin de la rivière Saint-Charles

Rivières Saint-Charles, Jaune, Nelson, du Berger et Lorette

Nature du problème
Figure 3.5.1: Zone inondables cartographiées dans le bassin de la rivière Saint-Charles (CMQ, 2011)

La rivière Saint-Charles possède deux zones importantes d’inondation qui touchent le milieu bâti : le secteur des méandres de la haute Saint-Charles, et le secteur du parc Duberger-Les Saules. Les rivières Jaune et Nelson sont également problématiques puisque de nombreuses habitations sont construites en bordure du cours d’eau et que plusieurs se retrouvent également en zone inondable. La rivière Lorette, quant à elle, donne des sueurs froides à de nombreux résidents et commerçants puisque de nombreux bâtiments ont été construits en zone inondable et que la rivière est sujette à des débordements fréquents, certains de faible intensité, d’autres plus importants, comme ce fut le cas au cours de l’automne 2005.

Causes

L’attraction qu’exercent les cours d’eau est élevée. Les rivières possèdent des attraits naturels et esthétiques prisés par une population souvent mal informée des problèmes inhérents aux implantations en rive. En outre, plusieurs des bâtiments situés en zone inondable ont été construits à une époque ou peu d’information était disponible. Encore aujourd’hui, de nombreux cours d’eau ne disposent d’aucune cartographie ou de station de mesure de débit alors qu’ils connaissent régulièrement d’importantes inondations. Ces lacunes font que la construction d’un grand nombre de bâtiments a été autorisée dans des zones considérées aujourd’hui comme à risques.

De même, avec l’urbanisation croissante et donc, une imperméabilisation accrue du sol, les inondations ont tendance à être plus fréquentes et plus fortes. Des secteurs qui n’étaient pas considérés à risque dans le passé sont aujourd’hui situés en zone inondable. On a pu le constater au moment des inondations importantes dans le bassin de la rivière Lorette, en 2005.

Dans certains cas, les inondations sont causées par obstacles dans le cours d’eau. Ce fut le cas en 2003 et 2004 sur la rivière Lorette où des arbres tombés suite à l’érosion des berges ont causé des embâcles (TVA Nouvelles, 2011). De même, sur les rivières Saint-Charles et du Berger, des inondations importantes ont été causées entre 1974 et 1981 en raison d’embâcles de glace. Afin de régler le problème, deux ouvrages ont été érigés : l’estacade Duberger sur la rivière du Berger et l’estacade Lebourgneuf sur la rivière Saint-Charles, dont la fonction principale est de retenir les glaces dans un secteur non problématique afin de prévenir les embâcles à l’aval (Brodeur et al, 2009).

Effets

Les effets des inondations en milieu urbanisé sont surtout d’ordre social et économique. Sur le plan social, les personnes qui sont victimes d’inondations majeures ont souvent des traumatismes psychologiques suite aux événements. La délocalisation temporaire, la détérioration de leur propriété et la nécessaire réparation des dégâts ou encore la perte de biens à valeur sentimentale sont autant de facteurs qui peuvent peser lourd sur le moral des sinistrés. Les inondations peuvent également avoir des impacts importants sur la santé physique. Certains effets sont directs et surviennent pendant l’évènement (blessures, problèmes cardiaques ou décès) alors que d’autres, indirects, durent plus longtemps ou apparaissent après un certain temps (maladies infectieuses et gastro-entérites). Les effets indirects sont généralement liés à l’insalubrité des logements causée par l’inondation (présence d’humidité excessive et de moisissures) ou encore par l’ingestion d’eau contaminée (INSPQ, 2006). 

Sur le plan économique, les inondations peuvent être dévastatrices pour les bâtiments et les infrastructures, ou encore pour des cultures, lorsque l’événement touche un secteur agricole. Elles peuvent forcer la fermeture de commerces et industries, entraînant ainsi des pertes de revenus pour les propriétaires. À plus grande échelle, lorsque les événements se prolongent, c’est toute l’économie d’une région qui peut être affectée.

Figure 3.5.2: Zones inondables en secteur construit sur les rivières Lorette et Saint-Charles (CMQ, 2011)

De façon plus spécifique, en mars 2011, la Ville de Québec a été reconnue responsable des dommages causés par les crues de la rivière Lorette, en 2003, 2004 et 2005. Dans sa décision, le juge de la cour supérieure pointe du doigt la responsabilité de la Ville d’assurer le libre écoulement des eaux, élément problématique qui aurait causé les débordements de 2003 et 2004. En ce qui a trait aux inondations majeures de 2005, l’argument des pluies exceptionnel n’a pas été retenu, puisqu’après analyse des données historiques, le pluviomètre des plaines d’Abraham a enregistré à sept reprises des pluies supérieures à 93,9 millimètres, et à trois reprises à 118 millimètres, entre 1914 à 1954. À cette époque, le bassin versant de la rivière Lorette était toutefois beaucoup moins urbanisé. Or, le juge a rappelé dans sa décision que plusieurs études, depuis 1973, ont mis en évidence les dangers d’une urbanisation importante et de l’imperméabilisation des terrains en bordure de la rivière Lorette. Le développement s’est toutefois poursuivi dans ce secteur, avec les conséquences que l’on connait aujourd’hui (TVA Nouvelles, 2011 et Benjamin, 2011).  En mars 2012, la Ville de Québec a été condamnée à verser 2 millions de dollars à une entreprise victime des inondations et à un groupe d’assureurs. Le Ville a toutefois choisi de porter ce jugement en appel (TVA Nouvelles, 2012).

Bassin de la rivière du Cap Rouge

Rivière du Cap Rouge

Nature du problème

La cartographie disponible pour les zones inondables dans la région ne cible pas de problème dans le bassin versant de la rivière du Cap Rouge. Toutefois, deux secteurs sont connus des résidents comme faisant l’objet de débordements occasionnels (CBRCR, 2009).

Figure 3.5.3: Localisation des zones de démordements de la rivière du Cap Rouge (adapté de CBRCR, 2009;  Google Maps – ©2012 Google).
Causes

Les causes spécifiques de ces débordements ne sont pas connues.

Effets

Les effets spécifiques de ces débordements ne sont pas connus.

Bassin de la rivière Beauport

Rivière Beauport

Nature du problème

La cartographie disponible pour les zones inondables dans la région ne cible pas de problème dans le bassin versant de la rivière Beauport. Toutefois, il existe des zones de débordement bien réelles. Le secteur de l’avenue Seigneuriale, à proximité de l’école Saint-Michel, est notamment touché.

Causes

En 2008, une étude de BPR a identifié que plusieurs ponceaux situés dans ce secteur étaient problématiques et causaient des débordements lors de pluies importantes (BPR, 2008). Des travaux ont toutefois été réalisés depuis dans le secteur de la rue Chabanel et la Ville de Québec recréé une petite plaine de débordement dans le secteur situé à l’arrière de l’école Saint-Michel et à l’arrière de la rue Seigneuriale, sur des terrains appartenant à la Ville. Un petit milieu humide a également été créé de façon à offrir une rétention des eaux lors périodes de crues (Babineau, 2012).

Effets

L’étude de BPR stipule qu’aucun bâtiment ou infrastructure n’est affecté par les crues de 2 ans. Toutefois, plusieurs structures sont affectées lors de la crue 10 ans, notamment l’avenue Saint-Michel, la rue Séguin et la rue Seigneuriale, tout comme des résidences et l’école Saint-Michel (BPR, 2008). Nous n’avons pas d’information sur l’efficacité des aménagements réalisés par la Ville de Québec pour contrer les dégâts matériels en lien avec les débordements de la rivière.

Bordure du Fleuve

Nature du problème

Les secteurs de la zone de la Capitale les plus susceptibles de subir des dommages en bordure du Fleuve sont localisés près de la rue Dalhousie et à l’embouchure de la rivière du Cap-Rouge.

Causes

Les débordements du fleuve Saint-Laurent dans la région de Québec se produisent lorsque survient une onde de tempête, causée lorsqu’une dépression et des vents forts du large entraînent une élévation du niveau de la mer de un mètre ou plus par rapport à la normale (Ressources naturelles Canada, 2009).

Effets

Les débordements du fleuve dans le secteur de la rue Dalhousie entraînent occasionnellement des fermetures de rues. Il arrive également que des résidences et commerces soient touchés, ou encore des voitures inondées.

Sources

BABINEAU, LOUISE, 2012. Service de l’environnement, Ville de Québec, communication personnelle en date du 3 octobre 2012.

BENJAMIN, G., 2011. Inondations à L’Ancienne-Lorette: Québec jugée responsable. Le Soleil, 12 mars 2011. En ligne: http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201103/11/01-4378589-inondations-a-lancienne-lorette-quebec-jugee-responsable.php. Consulté le 12 décembre 2012.

BPR, 2008. Réaménagement de la rivière Beauport dans le secteur de la rue Seigneuriale – Étude hydraulique. Ville de Québec, 34 p. + annexes.

BRODEUR, C., F. LEWIS, E. HUET-ALEGRE, Y. KSOURI, M.-C. LECLERC ET D. VIENS. 2007. Portrait du bassin de la rivière Saint-Charles. Conseil de bassin de la rivière Saint-Charles. 216 p + 9 annexes 217-340 p

CENTRE D’EXPERTISE HYDRIQUE DU QUÉBEC (CEHQ). 2012. Zones inondables – Réalisations au Québec. En ligne: http://www.cehq.gouv.qc.ca/zones-inond/index.htm. Consulté le 12 décembre 2012.

CENTRE D’EXPERTISE HYDRIQUE DU QUÉBEC (CEHQ). 2012. Rapports techniques et cartographie des zones inondables en eau libre. En ligne: http://www.cehq.gouv.qc.ca/zones-inond/rapports-carto.htm. Consulté le 16 février 2015.

COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE QUÉBEC (CMQ). 2011. Données géomatiques. Zones inondables.

CONSEIL DE BASSIN DE LA RIVIÈRE DU CAP ROUGE (CBRCR). 2009. Portrait du bassin versant de la rivière du Cap Rouge. Québec, 106 p.

INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC (INSPQ). 2006. Événements climatiques extrêmes et santé – examen des initiatives actuelles d’adaptation aux changements climatiques au Québec. 28 p.

RESSOURCES NATURELLES CANADA. 2009. Ondes de tempêtes et inondations côtières. En ligne: http://www.rncan.gc.ca/sciences-terre/changements-climatiques/adaptation-collectivites/affiche/788. Consulté le 12 décembre 2012.

TVA NOUVELLES. 2011. Inondations de la rivière Lorette – La Ville de Québec tenue responsable. 11 mars 2011. En ligne: http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/archives/2011/03/20110311-163647.html. Consulté le 12 décembre 2012.

TVA NOUVELLES. 2011. Inondations de la rivière Lorette – La Ville de Québec condamnée à verser 2 M$. 6 mars 2012. En ligne: http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/quebec/archives/2012/03/20120306-173740.html. Consulté le 12 décembre 2012.

Mis à jour le 28 août 2015

crossmenu