Devenir Membre
Retour aux actualités

Démystifier baignade et qualité de l’eau

6 juillet 2023

L’évolution des connaissances scientifiques et les initiatives : des éléments essentiels pour l’amélioration de la qualité de l’eau

La baignade de nouveau possible dans le fleuve? Oui, mais pas n’importe quand et n’importe où! 

Depuis les 50 dernières années, les connaissances scientifiques ont énormément évolué sur le sujet de la qualité de l’eau. Il est important de noter que plusieurs avancées technologiques et améliorations des méthodes ont contribué à améliorer la qualité de l’eau à plusieurs niveaux. On peut penser aux différentes technologies d’assainissement d’eau qui ont été mises en place par les villes, à l’ajout de nombreuses usines d’épurations, de bassins de rétention, au travail des villes pour améliorer les réseaux d’égout grâce à la réduction des rejets d’eaux usées dans les cours d’eau (par exemple, les branchements croisés). Bien que ce ne soit pas encore parfait, la situation et les ressources pour améliorer la qualité de l’eau sont très différentes de celles des années 1960.

Des campagnes d’échantillonnage d’eau régulières : importance capitale pour l’autorisation de la baignade

Qu’est-ce qui fait que la baignade est autorisée à un endroit plutôt qu’à un autre? En récoltant des échantillons d’eau en continu et en faisant l’analyse en laboratoire des concentrations de plusieurs paramètres qui ont une influence sur la qualité de l’eau. Pour chaque paramètre, comme les coliformes fécaux, des critères de concentration propice à la baignade sont établis par le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).

En résumé, si la baignade est autorisée à un endroit, c’est qu’au préalable, il y a eu une campagne d’échantillonnage pour tester la qualité de l’eau. Une fois les tests démontrant une qualité d’eau propice à la baignade, celle-ci peut y être autorisée. Par contre, le suivi ne s’arrête pas là! Afin d’assurer la sécurité des baigneurs, la qualité de l’eau continue d’être testée de manière régulière sur le site de baignade.

C’est le cas du bassin Louise, des prélèvements d’eau sont faits par la Ville de Québec à plusieurs endroits sur le site, une fois par jour, du lundi au jeudi. Si la baignade est permise, c’est qu’il y a eu un suivi de la qualité de l’eau et que les résultats démontrent que les critères associés aux activités de contact primaire sont respectés.

Contact primaire et secondaire, quelle est la différence?

 

Les activités de contact primaire sont les activités au cours desquelles tout le corps ou le visage et le tronc sont fréquemment immergés ou au cours desquelles le visage est fréquemment éclaboussé, et où il y a possibilité d’avaler de l’eau (d’ingestion d’eau). On peut penser par exemple à la baignade, le surf, le ski nautique, aux activités de navigation en eaux vives telles que le canot, le kayak, la planche à pagaie, etc.

Les activités de contact secondaire sont les activités au cours desquelles seuls les membres sont régulièrement mouillés et où le contact d’une plus grande partie du corps avec l’eau (y compris l’ingestion d’eau) est inhabituel (p. ex. aviron, voile, canoë-kayak, pêche sportive, etc.).

Donc dépendamment des cas, les activités nautiques peuvent être autorisées, mais seulement avec des contacts secondaires, ce qui veut dire qu’on peut y pratiquer le canot, la planche à pagaies et le kayak par exemple, mais qu’il est interdit de s’y baigner.

Critères de qualité de l’eau à respecter pour la baignade

Les critères de qualité pour la protection des activités récréatives visent principalement à prévenir les dangers pour la santé liés au contact direct (primaire) ou indirect (secondaire) avec l’eau en plus de couvrir les aspects esthétiques de la ressource.

Les critères d’activités récréatives à contact direct (primaire) visent à protéger les activités où tout le corps y compris la tête, est régulièrement en contact avec l’eau, comme chez les baigneurs par exemple.

Ensuite apparaissent des critères différents qui concernent les d’activités à contact indirect (secondaire) qui visent à protéger les autres activités comme la navigation de plaisance, le canotage, la pêche, etc., au cours desquelles le corps est en contact moins fréquent avec l’eau.

Comprendre l’importance des coliformes fécaux/E. coli pour le potentiel de baignade

C’est quoi les coliformes fécaux et l’E. coli? Les coliformes fécaux sont des bactéries qui proviennent des matières fécales produites par les humains et les animaux à sang chaud. L’E. coli est l’une de ces bactéries d’origine fécale et représente 90% des coliformes fécaux. Elles peuvent se retrouver dans le sol et l’eau.

Pourquoi s’intéresser à ce critère pour autoriser la baignade ?La concentration de coliformes fécaux est utilisée comme indicateur de la pollution fécale d’une eau et permet d’évaluer le potentiel de baignade. Certaines souches d’E. coli peuvent causer une infection gastro-intestinale ainsi que d’autres maladies chez les humains. C’est pour cette raison que ce critère est le plus surveillé quand il est question d’autoriser ou non la baignade.

La qualité bactériologique de l’eau peut être déterminée en fonction des concentrations en coliformes fécaux, afin d’évaluer si celle-ci est suffisamment sécuritaire pour des fins récréatives comme la baignade. En d’autres mots, c’est un bon indicateur de pollution par les égouts ou les fientes des oiseaux.

Selon les concentrations de coliformes fécaux dans l’eau, on établit une cote de qualité de l’eau A (Excellente), B (Bonne), C (Passable), D (Polluée). C’est seulement lorsque la cote est D que la baignade est interdite puisque cela signifie que la concentration de coliformes fécaux dépasse la limite recommandée par le gouvernement du Québec est de 200 UFC/100ml.

Donc on peut se baigner dans le fleuve Saint-Laurent?

Et bien oui, actuellement, il est possible de se baigner à plusieurs endroits le long du fleuve Saint-Laurent, cependant, pas n’importe où et n’importe quand.

Il se peut que certaines journées, la baignade soit interdite, mais pourquoi? Les facteurs qui influencent la qualité de l’eau sont nombreux et complexes, donc une journée la qualité de l’eau peut être bonne, mais après un temps de pluie par exemple, elle peut se dégrader légèrement ou plus drastiquement dépendant de plusieurs facteurs. Tout est une question de timing, règle générale il est préférable d’éviter de se baigner de 24 à 48 heures après une forte pluie, pourquoi?

Et bien après de fortes averses, beaucoup d’eau de ruissellement est entrainée vers les cours d’eau. L’eau de ruissellement des surfaces imperméables telles que les routes, les stationnements, les toits, etc. transporte des polluants accumulés, tels que les coliformes fécaux, les huiles de voiture, les produits chimiques des routes, les déchets urbains et les matières fécales animales, vers les cours d’eau, y compris le fleuve Saint-Laurent. Ces contaminants peuvent affecter la qualité de l’eau et la rendre potentiellement non adéquate pour la baignade. De plus, il peut aussi arriver lors de très forte pluie que le réseau de collecte d’égouts n’arrive pas à fournir. À certains endroits, les eaux usées peuvent alors se retrouver directement dans le Saint-Laurent, sans passer par la station d’épuration.

Donc, il vaut mieux attendre quelques jours de soleil avant de retourner se baigner : moins d’eau de pluie signifie moins de polluants transportés vers les cours d’eau, ce qui contribue à améliorer la qualité de l’eau.

Temps pluie ne veux pas dire mauvaise qualité de l’eau!

Par exemple au bassin Louise, il est fréquent de pouvoir se baigner même après un temps de pluie, car les critères de qualité de l’eau propices à la baignade sont respectés. De plus, il est important de noter qu’aucun exutoire d’ouvrage de surverses (installation conçue pour permettre les surverses du réseau d’égout lorsqu’il est au maximum de sa capacité) se jette directement dans le bassin Louise. En bref, ce sont les résultats de l’échantillonnage de la qualité de l’eau qui permettent de savoir s’il est possible de se baigner ou non.

Avez-vous entendu parler de la dermatite du baigneur?

C’est quoi la dermatite du baigneur? Une irritation de la peau (petites plaques ou boutons rouges) causée par le contact avec de petites larves appelées « cercaires », présentes dans certains plans d’eau. Attention! Il n’y a aucun lien entre la dermatite du baigneur et le degré de pollution de l’eau et cela ne représente aucun danger important pour la santé.

Comment attrape-t-on la dermatite du baigneur? : en se baignant dans une eau fréquentée par les oiseaux aquatiques! Des petites larves se trouvent dans les excréments des oiseaux aquatiques comme les canards. Lorsque vous vous baignez, les petites larves peuvent se coller à votre peau.

Malheureusement, les petites larves ne font pas la différence entre les oiseaux et les baigneurs, c’est ainsi que les baigneurs se font piquer accidentellement! Comment prévenir la dermatite du baigneur? Bien sécher notre peau en sortant de l’eau avec une serviette!

Pour consulter les résultats de la qualité  de l’eau du bassin Louise: https://loasis.portquebec.ca/baignade/#qualite

Crédit photo: Port de Québec

Devenez membre de l’OBV

Devenez membre et soutenez concrètement l’OBV de la Capitale dans sa mission de veiller à la pérennité de la ressource eau, de sa mise en valeur et de ses usages dans un esprit de concertation.
crossmenu